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Eva de Vitray-Meyerovitch

Témoin de l’Islam

mardi 14 mars 2006, par Webmaître

Eva de Vitray-Meyerovitch fut une exploratrice courageuse de l’Islam et elle a contribué à abattre nombre de préjugés sur cette religion. Malheureusement, en ces temps d’obscurantisme, son œuvre demeure encore confidentielle.

Nous donnerons ici quelques aperçus de son œuvre.

Excuse toujours ton frère et ne porte pas sur lui le jugement implacable de celui qui ne comprend pas les situations désespérées.

Al-Qasim al-Hariri

Eva de Vitray-Meyerovitch, écrivain et traductrice, a largement contribué à briser bon nombre de préjugés autour de l’Islam et, grâce à son œuvre, de nombreux chercheurs ont ouvert leur curiosité l’Orient. Ele fut longtemps chargée de recherche au CNRS.

Eva de Vitray-Meyerovitch est née en 1909 dans une famille catholique de l’aristocratie française. Rien ne la prédestinait à se plonger avec courage dans l’étude de la philosophie et de la mystique islamique. Son œuvre gagne à être connue au temps ou de nouveaux préjugés occultent la part considérable de l’apport de l’Islam à la culture occidentale.

Dans ses mémoires, son nom restera à jamais associé à celui d’un des plus grands poètes de l’histoire de l’humanité, le grand maître soufi du Xlle siècle, Jalâl od-dîn Rûmî. La qualité de ses traductions a permis de faire goûter à la France et au monde entier la beauté et la profondeur d’une œuvre qui bouleverse les âmes en quête de sens. Son énergie était entièrement au service d’une soif de connaissance jamais étanchée. Sa curiosité et son désir de ne jamais tricher la poussaient toujours un peu plus loin dans le désir de perfection. Car, ce qu’il y a peut-être de plus remarquable dans son itinéraire est que sa vie et son engagement personnel étaient dans le prolongement exact de ses investigations intellectuelles.

Son œuvre écrite n’aurait certainement pas atteint cette dimension si elle-même n’avait pas goûté les délices spirituels qui sont si magistralement évoqués par Rûmî. Eva de Vitray n’était pas une personne plongée en permanence dans les livres. Elle s’intéressait de près aux autres et se sentait très concernée par les questions d’actualité. Il lui a été donné de rencontrer des personnages marquants tout au long de sa vie, mais il en est un qui occupe une place toute particulière, puisqu’elle le choisit comme guide spirituel alors qu’elle avait pourtant atteint un âge avancé.

Les circonstances de leur première rencontre rappellent d’ailleurs la magie et la fulgurance de la rencontre entre Rûmî et son propre maître, Chams de Tabriz, au cours de laquelle les mots échangés furent le vecteur d’une transmission de cœur à cœur. Lors d’un de ses nombreux séjours au Maroc, Eva avait été introduite chez ce maître qui avait accepté de la recevoir dans son appartement privé. Dès qu’il vit Eva, le maître dit : « Rûmî est ici ! » en montrant du doigt l’emplacement de son cœur. Cette phrase et ce geste eurent un impact inattendu sur Eva qui s’effondra en larmes, saisie par un état spirituel irrépressible. Elle, qui avait tellement voyagé, qui avait connu tous les honneurs, qui connaissait tant de choses, succombait spontanément à l’appel de son cœur. Jusqu’à la fin, Eva avait gardé intact son potentiel de disciple, c’est à dire cette pauvreté intérieure sans laquelle il n y a pas de transformation véritable de l’être.

Eva de Vitray-Meyerovitch s’est éteinte en juillet 2001.


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Sur l’Imaginaire dans la religion

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