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Les traumatismes de l’enfance - II

Comment réparer ?


Suite à des prédations subies dans l’enfance la question de la réparation renvoie à une réalité très complexe. Celle-ci inclut la notion du temps, des cycles de la prédation - leur durée, leur fréquence, etc. - mais il sera important de tenir compte également de la qualité même de cette prédation. Ainsi, des humiliations constantes qui mineront l’image de l’enfant auront parfois plus d’impact sur son évolution psychique que des coups portés à intervalles plus ou moins réguliers. Les classifications anciennes, lesquelles, d’ailleurs, ne tiennent pas compte du harcèlement moral, ni des actes d’indignité, ni des humiliations psychiques, sont obsolètes car elle évaluent la prédation selon des critères "mécaniques", ni de la puissance d’impact ni de la profondeur de l’atteinte.




Suite à des prédations subies dans l’enfance la question de la réparation renvoie à une réalité très complexe. Celle-ci inclut la notion du temps, des cycles de la prédation - leur durée, leur fréquence, etc. - mais il sera important de tenir compte également de la qualité même de cette prédation. Ainsi, des humiliations constantes qui mineront l’image de l’enfant auront parfois plus d’impact sur son évolution psychique que des coups portés à intervalles plus ou moins réguliers.
Les évaluation anciennes du préjudice, lesquelles, d’ailleurs, ne tiennent pas compte du harcèlement moral, ni des actes d’indignité, ni des humiliations psychiques, sont désuettes car elle évaluent la prédation selon des critères « mécaniques » et non sur la puissance, sur la profondeur et la durée d’impact.

Ces classifications anciennes qui servent principalement le juge dans son exercice, véhiculent de nombreux préjugés. L’un des plus assassin serait qui consisterait à nous faire croire que certains enfants seraient "naturellement plus solides" que d’autres, d’autres souffriraient bien plus à cause d’une très/trop grand sensibilité. On devine derrière ces opinions, parfois énoncées par des professionnels, les arrière plans idéologiques : les toniques, les gagneurs d’un côté, les sensibles, les introvertis, etc. de l’autre...

Que l’on réserve cette psychologie primaire à des arrières cours de bar est une chose mais qu’on les retrouve dans des prétoires devient scandaleux. Et, concernant la barbarie avec laquelle nous traitons le sujet, la "nature" de l’enfant n’est pas le seul sujet d’inquiétude. La prédation infantile ne concerne pas seulement l’enfant. Un traumatisme ne se résume pas à une blessure précise qu’il s’agira simplement de soigner pour que tout effet disparaisse. Sans aide, sans soutien, sans vigilance, l’effet profond de telles blessures peut marquer une vie entière.
C’est une vérité gênante pour beaucoup mais il faudra bien en tenir compte un jour Évaluer le coup social des séquelles serait insuffisant si l’on ne tenait pas compte également de la perte d’inventivité de ces êtres abandonnés au silence de leurs blessures.
Une société n’est pas une simple somme d’individus, elle a besoin pour durer d’une part importante de réactivité et d’inventivité, seules ressources qui lui permettent de se renouveler et de faire face aux défis imposés par une période de mutation.
Peut-on se dire, naïvement, que parmi les 100 à 200 000 enfants maltraités en France, chaque année, ceux qui pourront créer de nouvelles ressources de par leur seul talent, finiront bien par "s’en sortir" ?
Un tel cynisme reposerait sur un simple calcul de chiffre, une sorte d’évaluation du risque : « Combien pouvons-nous sacrifier d’enfants pour que nos besoins de sécurité et de stabilité soient satisfait ? » Un enfant, comme une masse financière, rien de plus.
À ceux qui ont la réplique rationnelle facile et qui invoquent souvent une société de victimisation, pour dénoncer les exagérations de ceux qui défendent la cause des enfants, de bien mesurer le sens collectif de leurs critiques, à court et moyen terme.
Si l’on évalue entre 17% et 22%le nombre global d’enfants maltraités, quand l’on sait que ces futurs adultes, s’il ne sont pas pris en charge, verront leurs facultés considérablement diminuées, c’est autant de pouvoir créatif et industrieux dont notre société se prive ?
Que les économistes et les sociologues nous dressent des prospectives pour une société qui se priverait de 17% à 22% de sa capacité industrieuse et créative ?

B - 2 - Comment réparer ?

La question de la réparation est complexe. Dire ainsi la chose ne constitue en rien une sorte d’esquive. En fait, notre approche rationnelle, mécanique des faits physiques nous a accoutumés à penser en termes d’efficacité et de logique. Or, les faits psychiques échappent partiellement à une telle réduction mécaniciste. (De ce point de vue les travaux de Jung me paraissent bien plus appropriés pour rendre compte des mécanismes dynamiques du fonctionnement de la psyché) Par ailleurs, l’imprégnation intensive, actuelle, des théories cognitives et comportementales ne permet pas une approche globale. Je ne prétends pas qu’elles soient inopérantes, elles doivent être complémentaires d’une vision plus globale, incluant l’individu et le milieu dans lequel il baigne.
L’atomisation du réel lié à la pensée positiviste induit forcément de multiples morcellements, entre autre celui des faits et celui de l’impact qu’ils ont sur la personne... j’espère que les tenants de ces disciplines en conviendront.
Or la psyché ne se met ni en fractions ni en statistiques. Tout au moins, cela ne suffit pas à rendre compte de la totalité de la dynamique psychique.
Un autre modèle, beaucoup plus ancien peut constituer un handicap dans l’élaboration d’une vision globale de la psyché. Ce modèle est si bien ancré dans nos mentalités, surtout en Europe, qu’il nous est difficile de concevoir que la conscience puisse être constituée de plusieurs entités. Nous supposons toujours que la psyché est un bloc solide et uniforme. Concevoir l’existence de plusieurs complexes actifs au sein de la psyché est le plus souvent considérée comme révélateur d’une pathologie, sauf chez les artistes...

Je donne un exemple pour illustrer mon propos :
Lors de mes entretiens avec des spécialistes canadiens de la prise en charge des victimes d’inceste, une éducatrice me racontait que, parfois, durant les entretiens, dès qu’il s’agissait d’évoquer les faits anciens, les personnes, par ailleurs adultes et socialement adaptées, se transformaient en personnages enfantins, avec des réactions, des comportements et des attitudes parfaitement immatures. Loin de constituer pour elle un problème, cette éducatrice racontait, sans trouble, qu’elle répondait alors sur le mode d’une adulte responsable face à un enfant. Pour elle, cet effet de double réponse de la victime résulte de l’effet du traumatisme. Une partie de l’être est demeurée dans les limbes de l’enfance, là où le prédateur a « fixé » sa victime, l’autre partie aurait échappé au prédateur, poursuivant ainsi son évolution avec plus ou moins de bonheur et c’est sur elle que reposera alors la personnalité sociale du moment, adulte ou adolescent... On comprend alors combien cette personnalité ne pourra, à aucun moment fonder un quotidien ni un futur fiable, dans la mesure où sa maison psychique repose, — elle le sent bien — sur des fondations instables ou posées de travers.

Sans rentrer dans des détails, trop longs à exposer ici, nous pouvons poser les paramètres d’un modèle — polyfocal : L’ego serait/pourrait être fractionné sans que cela puisse être interprété comme un trouble profond de la personnalité.
Polyfocal car le Moi n’est pas une entité unique et indissociable, il est fait de couches, de morceaux complexes qui peuvent ou non interagir qui subissent des influences provenant de multiples instances. Le problème d’une véritable pathologie se pose uniquement quand ces entités fonctionnent sans communication entre elles.

Voici un exemple : (je fais court)
Ce jeune homme de 28 ans est alcoolique. Il a déjà vécu plusieurs hospitalisations psychiatriques - trouble profond de la personnalité, délires, etc. Il est sans travail, il est au bord d’une chronicisation de ses troubles, pensionnaire attitré d’un Hôpital psychiatrique pour le dire autrement.
S’il vient me voir c’est qu’il a plus ou moins intuitivement conscience que quelque chose de salvateur pourrait survenir dans sa vie. Il n’ignore rien de ses crises ni de son alcoolisme. Il est « pris » par !
Je vais, avec lui, m’attarder sur les pans de sa vie qui ont pu échapper à son prédateur durant l’enfance et, si possible, remonter le plus loin possible dans sa vie. Il comprend ma stratégie et durant trois semaines il apportera tout ce qu’il a gardé de son enfance : des croquis, des textes, des notes, des chansons, des poèmes. Nous explorons ensemble le monde de cet enfant, en dehors des emprises du prédateur. Ne pouvant s’enfermer dans sa chambre largement ouverte — bien entendu — au bourreau, il se réfugiait sous la cage d’escalier de l’immeuble où il emmenait ses petits trésors. Ces derniers se sont enrichis au fur et à mesure qu’il grandissait et que l’école lui apportait une ouverture sur le monde. Il a appris seul la guitare et le solfège. Le père/prédateur, ingénieur, se désintéressait totalement des ces passions naissantes. C’est ainsi, dans ce désintérêt, donc dans une relative sécurité par rapport aux intrusions du prédateur, que cet enfant s’est construit un monde sans le secours bienveillant des adultes. Quoique de guingois ce monde est enraciné dans les profondeurs instinctives de l’enfant et c’est dessus que se bâtira un monde réparé. Je lui explique alors que, d’abord ensemble, nous allons prendre en charge cet enfant qui a grandi de manière sauvage. Et je lui recommande d’identifier dans vie tous les comportements, les humeurs, les émotions qui traduiraient la présence de cet enfant en lui. Il ira plus loin en ouvrant un journal spécialement dédié au dialogue avec et enfant...
Peu à peu, sa vie se stabilise, il trouve un emploi de musicien, ce qui lui assure une stabilité financière qu’il ne connaissait pas. L’emploi est d’autant plus gratifiant que l’on fait appel à sa capacité de création — reconnaissance extérieure de l’enfant en lui.
Très vite, il assume ce double jeu entre sa conscience — lui dans la vie — et l’enfant. Nous nous appuyons également sur l’écoute des ses rêves. Ce qui nous donne des indications essentielles sur le processus de restructuration en cours. Peu à peu, l’enfant et cet étrange père adoptif tissent une sorte d’alliance et c’est ce qui permettra, sinon une guérison mais la capacité pour cet homme de commencer à se prendre en charge en assumant des choix personnels fondés sur des affinités profondément ancrés dans son enfance. Son talent musical n’en étant qu’une expression.

La Conscience, reçoit ou subit de multiples influences, parfois croisées, parfois contradictoires. La conscience est alors impactée partiellement, rarement dans sa totalité si bien que certaines zones demeurent vierges de toute influence malfaisante. Plus tard, en repérant ces zones, on approchera plus finement les caractéristiques essentielles de la personne. (J’ai étudié de près les procédures de torture utilisées par certaines armées et j’ai constaté que toutes reposaient sur la volonté du bourreau d’exercer une emprise totale, radicale et globale sur la conscience. Les initiateurs de ces techniques savent que rien ne doit échapper à l’emprise. L’existence de la moindre poche libre compromet l’efficacité de la torture)

Je viens de poser implicitement une règle fondamentale pour l’édification de la personnalité de l’enfant :
Nous avons vu que la relation à l’environnement est incontournable, l’échange que cette relation induit produit un effet créatif de toute première importance. Cela impose au clinicien la nécessité de prendre en considération les facteurs liés à la culture, à l’histoire personnelle et à l’intégration que la personne fait de ces multiples facteurs tout au long de sa vie.
La composante temps, dès lors, est importante. La manière dont les comportements, pathologiques ou non, évoluent l’est tout autant. Il ne suffit pas de rendre compte d’un instantané à un moment donné pour établir des certitudes.
La manière dont l’individu prend en compte et intègre la dimension de la réalité, ici et maintenant mais aussi avant et ailleurs permet au clinicien de dresser une sorte d’évolution de la typologie de la personne, par-dessus et au-delà de l’effet prédateur... C’est ce qui permettra de prévoir les réactions tout au long du processus de cautérisation.

Il est une autre composante que nous devons prendre en compte : La réactivité des attitudes et leur plus ou moins grande flexibilité face aux événements de la réalité physique objective.
Un enfant normalement éduqué bénéficiera d’une éducation « normale » il sera alors capable d’une grande flexibilité et d’une adaptabilité si importante qu’il pourra faire face, sans trop de dommages, à des changements importants de son environnement. Il pourra puiser, dans le fonds que constitue son éducation et son expérience, les ressources nécessaires à une bonne réactivité.
Un tel individu est capable de s’inventer une nouvelle vie si les circonstances l’imposent.
On comprend alors que la capacité de l’individu à évaluer la réalité sous toutes ses formes est un atout important. Cette capacité dépend de facultés intrinsèques, en principes essentielles :
Une perception judicieuse et pertinente des faits réels, ce qui dépend d’une bonne interprétation de ces faits ; La capacité d’échanger et d’entreprendre une libre communication avec l’environnement matériel et humain ; La capacité fluide de se servir de l’instinct pour en adapter les formes aux circonstances ; Le libre accès au fonds d’expériences et de connaissances accumulé au cours de la vie...

Les enfants victimes de traumatismes vont, quant à eux, développer des dimorphismes dans l’acquisition de leurs connaissances et, par suite, de leur interprétation du monde. De proche en proche les dysfonctionnements iront en s’accentuant, jusqu’à ce que la personne atteigne un seuil de sécurité qu’elle ne voudra pas franchir de crainte de se placer en position inconfortable voire dangereuse. La personnalité ainsi lésée se recroqueville et se crispe autour d’un cercle d’habitudes parfaitement balisées. Le contact au monde s’en trouve réduit, c’est une nouvelle source de souffrance.

D’une part, le traumatisme, dans sa cruauté, impose souvent une déconnexion plus ou moins partielle des sensations — le phénomène physiologique de déconnexion des sensations est parfaitement connu. L’enfant se coupe de la réalité douloureuse, « Il part ! », comme l’affirment certains témoignages.
La partie du Moi qui a été endommagée demeure figée dans le temps, à vif et, dans la souffrance, elle subit.
Elle demeurera rigide car elle gardera en mémoire une blessure qui n’est pas cautérisée. Une autre partie suivra son cours, grâce au silence environnant — pseudo résilience. Cette partie, presque fonctionnelle se développe auprès des amis, des proches, des éducateurs, l’important étant que le silence demeure sur la partie lésée. (Ce silence, nommé déni par beaucoup constitue une protection de cette partie du Moi qui s’est socialisée. Vouloir sortir du déni, à tout prix peut s’avérer très dangereux)
Tant que ni le réel du moment ni la mémoire ne permettent le lien avec la zone blessée, une apparente adaptabilité semble s’installer. C’est oublier un effet spécifique de la psyché humaine — probablement de la vie en général —, un constant influx d’auto-guérison qui est actif en permanence. (C’est ainsi que je puis comprendre le phénomène de résilience. Mais je n’en tire pas les mêmes conséquences que la plupart de mes confrères spécialistes de résilience. J’ai développé ce thème dans mes écrits sur la fonction transcendante)


Rôle et place de l’instinct, de l’émotion

J’ai montré que le retour aux aspects les plus anciens de l’histoire de l’être pouvait s’avérer salvateur.
J’ai aussi attiré l’attention sur les méfaits possible d’une trop pressante « volonté de guérir ». Retrouver l’authenticité du petit enfant, tel qu’il était dans ses espoirs avant que ne survienne un grave traumatisme revient à fouiller dans les profondeurs de l’histoire. Même s’il s’agit de créer un clivage, voire une sorte de dépersonnalisation, l’objectif est de reprendre contact avec les fondements instinctifs de l’être.
Cela doit se faire prudemment, selon un temps que la personne elle-même nous révèle à travers les matériaux spontanés que sa psyché nous fournit, pas selon un protocole extérieur qui serait plaqué. L’enfant, dans son avancée dans la réalité physique fait l’apprentissage d’une sorte de compromis entre le pure instinctivité et les règles en vigueur dans le lieu où il évolue. Les parents sont les premiers à faciliter cette libre association — sans lésion — entre instinct et réalité. Mais l’instinct ne doit ni être brisé ni dressé, comme le souhaitait une antique forme d’éducation héritée de l’époque victorienne, il doit pouvoir vivre en alliance avec les impératifs que lui imposent la réalité physique objective. Cela veut dire que, à certains moments de sa vie, l’individu doit pouvoir toucher au plus près de l’instinct, dans son originalité première.
L’appel de cet instinct s’entend grâce aux émotions, aux envies et pulsions mais aussi à travers les images intérieures et les rêves. Le malentendu sur la question de l’instinct vient souvent d’une mauvaise compréhension de ce que j’entends ici par instinct. Bien sûr il n’est pas sans danger de réveiller des instincts dont certains sommeillent depuis longtemps dans un coin reculé de la psyché. Il ne s’agit pas de toucher à ceux qui ont été dressés, pervertis, refoulés par l’action prédatrice — cela se fera bien plus tard —, il s’agit d’abord d’aller chercher les formes d’instincts qui sont demeurées vierge de toute atteinte malfaisante.
De même, faire revivre des instincts qui, souvent plongent leurs racines dans le monde de l’enfance, peut être vécu comme régressif, voire humiliant, surtout quand on a bâti un monde grâce à la volonté de mettre à l’abri le peu d’authenticité que la prédation avait épargné. C’est là que le savoir faire du clinicien intervient. Il s’agit — c’est une métaphore très judicieuse — de chercher à apprivoiser une bête blessée, ou une autre qui n’a jamais eu de contact avec le monde des humains. (J’ai appris beaucoup de ma formation en éthologie animale) Ce n’est pas simple, cela ne se fait pas à coup de volonté ni à coup de rationalisation. Dans ce monde, comprendre ne sert pas, l’observation fait tout.

Cela impose au clinicien un suivi assidu, une vigilance constante et un savoir-écouter que seule l’expérience peut forger.
Par ailleurs, le suivi thérapeutique ne peut se figer dans une forme unique de technique thérapeutique. Ce serait jouer sur un modèle figé là où il s’agit de faire l’apprentissage de la mobilité et de la flexibilité psychique.

Toutes les techniques connues peuvent intervenir à un moment ou un autre et il n’en n’est aucune qui soit suffisamment globale pour encadrer tout le processus de réparation.
Parfois il faudra user de techniques comportementales, d’autre fois, être moins intrusif et laisser les choses s’organiser d’elles-mêmes. Dans ces circonstances, des techniques comme l’art thérapie s’avèreront pertinentes, parfois, il faudra recourir à des techniques plutôt sédatives comme la sophrologie ou le yoga...

Le clinicien doit il maîtriser toutes ces techniques ? Il lui faudrait bien une vie entière pour en acquérir la maîtrise, exercer dans un constant échange avec d’autres cliniciens est donc indispensable. Malheureusement, et il s’agit d’une tendance spécifiquement européenne, la formation des cliniciens les prédisposent peu à partager un processus thérapeutique avec d’autres praticiens, surtout si ces derniers exercent dans d’autres champs professionnels.

En guise de conclusion

Le praticien qui s’aventure pour la première fois dans ce monde peut être assailli par un sentiment d’impuissance et par l’immensité de la tâche à accomplir. Les manques ne sont pas seulement du ressort individuel, ils sont aussi de la responsabilité de la société. La maltraitance de l’enfance, sous toutes ses formes, nous confronte à des questions qui semblent nous dépasser...
Depuis l’accueil du premier signalement jusqu’à la prise en charge des adultes « rescapés », les impératifs de prudence sont si imposants que l’on peut se décourager à s’engager dans cette voie. Si notre champ d’action professionnelle se situe au niveau du terrain, il faut bien avoir à l’esprit que nous n’échapperons pas à la présence obsédante et constante des plaintes qui émanent de ces êtres qui, un jour, ont eu à subir des sévices terribles durant leur enfance, parfois très précocement. Devons-nous esquiver le problème ou bien — mus par ce sentiment de lien humain qui réside en nous — nous dire qu’il faut bien faire face et prendre les moyens qu’impose le problème de la maltraitance de l’enfance sous toutes ses formes. Que cela passe par une plus ample formation, des remises en cause du savoir universitaire, qu’importe ! C’est à nous de faire le choix de l’endroit où nous pouvons être les plus utiles à nos semblables. Devons-nous faire plaisir à nos pairs ou agir avec le maximum de pertinence et d’humanité auprès de ces êtres ?

Une explication sur les chiffres avancés dans cet article

Les chiffres avancés ici sont déduits du recoupement de plusieurs sources, nationales et départementales - police, parquet, centres sociaux, centres d’urgence. Ils ne reposent sur aucune étude officielle. Il n’y en a pas en France ! Pour évaluer sérieusement l’ampleur du phénomène nous devons donc nous reporter aux études réalisées en Amérique du Nord - Canada, États Unis.
Il y a en France environ 800 000 naissance par an, cela nous conduit à 12 millions d’individus supplémentaires sur 15 ans - âge à partir duquel on peut supposer que l’enfant est capable de s’opposer à une tentative de prédation. (sic)
Les recoupements nous donnent donc une population de 180 000 à 200 000 enfants maltraités chaque année. Ce qui fait 2,7 millions à 3 millions d’enfants maltraités sur 15 ans soit 22,5% à 25% de cette population de 0 à 15 ans et 5% sur l’ensemble de la population. Or, on sait qu’un nombre considérable de prédations ne sont jamais déclarées. Évaluées à 40% selon les spécialistes canadiens. Nous en arrivons à une évaluation globale de 9%. Ce qui, pour beaucoup de spécialistes canadiens, représente une estimation basse !
Une autre réalité chiffrée
Coût du crime crapuleux et moyen déployés pour le combattre
Le crime crapuleux coûte à la France de 17 à 20 Milliards € à l’économie
Le PIB français et de 1970 Milliards € pour 2008, soit un peu plus de 1% du PIB qui disparaît dans une économie occulte.
On sait les moyens déployés, à juste titre, pour lutter contre ce fléau. Les moyens déployés pour faire face à la pédocriminalité sont quasi négligeables et, surtout, non structurés. Ils sont pris sur les budgets de ministères déjà exsangues, dont celui de la Justice. Quand on réalisera de véritable études sur le coût global des conséquences de la prédation infantile, qui pourra dire : « Je ne savais pas ! » ?

Sur le même sujet
Les traumatismes de l’enfance

I - Approche générale

II - Comment réparer

III - Comment faire face

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décembre 2009 par Illel Kieser ’l Baz


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