Machines A Sous GratisCasino En Ligne Retrait Immédiat

D�bats � �changes

�

Th�mes et sujets abord�s
�

La violence urbaine

De: "Pierre.DESEUF"
�:
Objet: [anthropo] La violence urbaine
Date�: mardi 22 ao�t 2000 00:56
J'ai lu avec int�r�t votre texte sur la violence urbaine;
je suis professeur d'�cole en banlieue (tourangelle) et je ne peux parler que des diff�rentes exp�riences de terrain, comme vous les d�finissez.
Je suis tout � fait d'accord avec vous lorsque vous dites que le ph�nom�ne que nous connaissons actuellement n'est pas g�n�r� ex nihilo. Mais on peut trouver des traces du type de violence urbaine d�finie dans votre �nonc� bien avant les ann�es 70. On trouve des �tudes portant sur la bande des Apaches qui hantait les quartiers parisiens avant la premi�re guerre mondiale. Les �tudes faites alors montrent une remarquable corr�lation avec celle faites aujourd'hui sur le ph�nom�ne de bandes : un syst�me de rapport interne identique, les m�mes rapports de domination, la m�me position par rapport � la soci�t�, des actes identiques. Si l'on doit malheureusement en tirer un �pilogue, la bande des Apaches a disparu par la Premi�re Guerre mondiale!
�
En revanche, je ne crois pas, � moins d'une confusion de ma part, partager tout � fait votre analyse de la violence. Votre d�finition de la violence en g�n�ral est certes int�ressantes mais je ne suis pas sur qu'elle m�ne � quelque chose. Toute soci�t� g�n�re une violence car toute soci�t� a un syst�me de valeur qui l'am�ne � consid�rer comme violente certaine situation type. Bien sur, cette violence n'est pas la m�me selon les classes sociales. Prenons deux exemples : certaines relations parents enfants dans certaines classes sociales, fond�es sur un langage grossier, voire des insultes l�g�res, peut �tre consid�r� comme extr�mement violent par un milieu plus favoris�, alors qu'il peut �tre bien tol�r� par les membres de la dite famille s'il est consid�r� comme un mani�re de s'exprimer normale, et si l'affection est tout de m�me transmise. Deuxi�me exemple : un combat entre 2 pratiquants d'arts martiaux peut �tre extr�mement violent physiquement, mais �tre profond�ment d�pourvu de violence dans l'intention.
Ceci est une affaire de syst�me de valeur social, mais je ne veux pas prolonger davantage ce que vous svez mieux que moi. Sorti de l�, il ne s'agit pas non plus de faire du relativisme culturel (tout est bon, juste affaire de culture), mais il faut tout de m�me constater que les valeurs (que je pense bonne) que nous pr�nons sont aussi affaire de rapport de force culturel.
La question ne permet d'apporter un �clairage sur notre sujet lorsque l'on commence � se demander : "quelle est la signification de cet acte dit violent?" non pas la signification pour la soci�t� comme vous l'abordez en disant "peut-on qualifier cet acte de violent?" mais quelle est la signification pour l'individu qui l'a commis?
�
Dans le cas de vos 5 jeunes nantis, ils avaient derri�re eux un passif, que je ne connais pas, mais qui a rendu une solution amiable possible. Sans doute parce qu'au moment du m�fait, les adultes ont adopt� un comportement responsable, mais aussi parce que dans leur pass�, ces enfants avaient "subi" une culture qui rendait cette solution possible. Qu'est-ce que ces 5 pouvaient mettre derri�re leur acte? Un amusement de la destruction, un rejet intellectuel de la soci�t� de consommation ou des valeurs de la classe moyenne a laquelle ils appartenaient? Je ne peux pas le dire, vous pourriez peut �tre. Mais il y avait derri�re une volont� forte d'int�gration sociale et de reconnaissance par cet acte. Retrouve-t-on cette signification derri�re tous les actes commis aujourd'hui par les dits jeunes de banlieue?
�
Reprenons un de vos exemples. Faut-il passer � la justice ("passer � la moulinette") un jeune qui casse un lampadaire? Est-ce que vous ne croyez pas justement que cela d�pend. Vous condamnez un peu vite la justice. Qu'est-ce que ce jeune met derri�re? Est-ce juste un acte d'adolescence? Ou autre chose. Je ne parlerai que de mon concret. Certains enfants vivent un "enfer" chez eux. Par abandon d'autorit�, d'affection ou autre, certains enfants se constituent un syst�me de valorisation propre et alternatif � notre syst�me social "majoritaire". Pour certains, l'abandon de l'�cole, ou la r�sistance � l'�cole, peut devenir un acte profond de valorisation. Ces enfants dont nous parlons, mis dans l'incapacit� de r�ussir ou refusant cette possibilit� consid�rerons comme acte de valeur celui qui mettra le ma�tre ou un camarade studieux en difficult�. Son mode de comportement peut tendre alors � consid�rer que le mod�le du ca�d qui fait peur au citoyen, que le mod�le du voleur ou du dealer est plus valorisant que celui de l'adulte, souvent en �chec dans ces quartiers (au ch�mage, en �tat de d�prime,...) ou que celui du professeur qui ne vit pas le quotidien du quartier et ses rapports de force. L'enfant, m�me jeune, peut alors d�cider de calquer son comportement sur celui du ca�d et faire de cet acte de bris de lampadaire un acte d'appartenance � ce syst�me de valeur (ou pas). Mais si il consid�re cet acte comme un acte l'excluant profond�ment du syst�me social majoritaire, le rattachant au ca�d, alors quelle solution adopter? Il se peut qu'alors la n�gociation amiable que vous pr�sentez puisse � son tour �tre consid�r� comme un acte de peur, ou de faiblesse, et ne pas sortir ce jeune d'une spirale d'acte violent. La force de la r�primande seule, l'impact d'une n�gociation, d'un jugement d'un �ducateur ou d'un prof peut ne pas �tre suffisamment charg�e symboliquement pour contrebalancer un syst�me de valorisation alternatif profond�ment ancr� chez l'enfant. Il se peut alors que seule la solennit� d'une d�cision de justice puisse ramener le jeune ou sa famille dans un chemin plus socialement accept� par notre majorit�. Ou pas. Mais il ne faut pas n�gliger cette alternative. Tout comme pour nous , le fait que le ma�tre se f�che puisse ne pas avoir d'impact, tout comme la sanction qu'il donne, alors qu'un conseil de discipline avec l'inspecteur pr�sent peut avoir plus de poids. Peut. Il ne faut tout de m�me pas oublier que contrairement � ce qui est dit dans les m�dias, ce n'est pas la soci�t� qui souffre en premier de cette violence. Ce sont les jeunes eux-m�mes; il ne suffit que de les �couter pour constater dans quelles situations inextricables ils se trouvent engag�s par conformisme avec leur syst�me de valorisation. Voire comment l'hypertrophie de leur sens de l'honneur les conduit dans des affrontements st�riles.
�
Enfin, je pense qu'il ne faut pas agglom�rer comme vous les faites la violence d'un suicide d'ado, la d�pression d'un cadre et la violence des jeunes de banlieue si tant est que l'on puisse d�nominer un ph�nom�ne pareil. Bien sur qu'� tout les �chelons sociaux, les contraintes que nous subissons nous fassent souffrir. Mais cette "agglom�ration" me semblent peu op�ratoire pour expliquer les violences urbaines. Il n'y a pas le m�me sens social derri�re ces diff�rentes souffrances et la r�ponses des individus est calibr�e sur leur souffrance et leur v�cu. Il faut appr�cier les d�lits � leur juste valeur, mais il faut aussi savoir sanctionner. Parce que certaines formes de violence sont le produit d'une telle contestation que la conciliation peut aussi �tre impossible.
�
Tr�s respectueusement.
�
Pierre DESEUF, ma�tre d'�cole en ZEP.
Ma r�ponse
Les points soulev�s par Pierre imposent une �tude approfondie car � chaque niveau, il n'est pas possible d'apporter une r�ponse "� la vol�e". Par cons�quent, je pr�f�re pr�parer un article r�f�renc�.

Retour vers le le haut de page

L'Alchimie, art ou science ?

Dans sa question, Siracide Wolf pose la question suivante :
" Voil�, j'�tais � faire une petite recherche personnelle sur l'alchimie et j'ai vu que plusieurs s'accordent � dire qu'il y en a diff�rentes interpr�tations. Voici l'extrait d'une FAQ qui exprime bien ce fait:

> How is alchemy defined?
> Alchemy is so multifaceted that any definition restricts alchemy to a particular view or excludes aspects that should come within the realm of the alchemical. One cannot reduce alchemy to practical laboratory work, or to interior meditative work with symbols, or to being only a spiritual pursuit. Anthropological, Jungian, esoteric, history of science, semiotic, or other interpretations, are only ways of looking at alchemy. In recent years some people have tended to use the term in a very broad sense.
> Definitions of alchemy tend to reflect individual's underlying philosophical preconception. Perhaps it is best if we found our view of alchemy on the body of alchemical writings, the manuscripts and printed books that constitute and embody the alchemical tradition. This body of alchemical knowledge, preserved in many libraries throughout the world, is probably the securest foundation on which to build a view of alchemy. Those who do not found their opinions and perceptions on this body of tradition, are often drawn to airy speculations and personal belief systems, which cannot be investigated and researched, but only accepted through an act of belief. This was not the way of the alchemists of previous centuries - they did not rely merely on belief, but were constantly investigating, exploring the texts and ideas of previous generations of alchemists, and struggled in their own writings to find their own truth.
> We should beware of any one-dimensional interpretation or definition of alchemy. When alchemy is reduced to a simple interpretation, we can be sure someone is trying to pull the wool over our eyes.>

Je me suis alors souvenu que tu �tais anthropologue. J'aimerais bien savoir si tu as eu � �tudier l'alchimie de pr�s ou de loin lors de tes �tudes ou de ton travail et ce que tu as appris. Cette interrogation a pour but de d�couvrir les diff�rentes facettes et de conna�tre diverses interpr�tation de l'alchimie.
Merci � l'avance et � la prochaine.
Ciao, Sirac :)
P.S. Cet article a �t� post� dans les forums afin que ceux qui ont des d�tails pertinents sur l'alchimie puissent m'en faire part �galement.
Ma r�ponse
En premier lieu, il eut fallu, pour la rigueur de l'�change, nous dire dans quels forums cette contribution avait �t� post�e car la r�ponse francophone m�riterait d'�tre traduite et post�e. � retenir pour ceux qui souhaitent apporter leur contribution � une liste de diffusion.
Sur le fond :
Oui, je me suis int�ress� � l'Alchimie et � son histoire. Je me suis �galement pench� sur les implications que cette discipline mythique pouvait avoir sur la personne humaine.
Bien s�r, j'ai abord� les auteurs r�put�s alchimistes, les commentateurs modernes et les interpr�tations des psychanalystes. J'ai pu rep�rer des sources jusque dans l'Antiquit� et j'ai donc suivi la voie des mystiques antiques.
Cependant je ne suis pas � proprement parl� un sp�cialiste de la question. L'Alchimie comme mythe me sert dans mon travail au m�me titre que d'autre doctrines �crites ou parl�es (traditions orales). Ma r�ponse, ici, ne sera donc que tr�s lapidaire, constituant une sorte de r�sum� de mes travaux sur la question.
Et encore ne r�pondrais-je que sur ce point �voqu� par l'auteur de la contribution ci-dessus : " Faut-il y croire ? "
D'embl�e l'auteur pose des restrictions qui sont habituelles dans ce genre de d�bat. Nul ne peut avoir acc�s au corpus et au sens profond de l'Alchimie s'il n'a au pr�alable eu acc�s � la tradition, �voqu�e ici par des " biblioth�ques ".
Il me faut alors dire que nous sommes depuis environ deux si�cles affranchis de toutes les tutelles id�ologiques, religieuses, etc. qui pesaient sur le monde antique.
Les religions, la magie, l'Alchimie appartiennent � tous et peuvent devenir des objets d'�tudes, historique, psychologique.
Certes, en accord avec l'auteur, chaque interpr�tation doit �tre per�ue comme parcellaire et forc�ment r�ductive.
Mais c'est l'essentiel de la d�marche scientifique que de poser les �l�ments de la m�thode d'approche et d'analyse. Les anthropologues dignes de foi qui se sont int�ress�s � l'Alchimie l'ont fait, C.G. Jung y compris, Micea Eliade, Antoine Faivre et tant d'autres.
Ils nous appartient donc de lire ces auteurs et d'en tirer les conclusions que nous voulons d'apr�s leur m�thode d'approche. Nulle question de croyance l�-dedans ! Nous sommes ce que nous pouvons �tre et rien de plus.
Certes la V�rit� est �crite partout, dans la Nature, sur les piliers et dans l'architecture des �glises mais quelle difficult� � lire !
S'il se trouve des personnes inspir�es qui nous disent en savoir plus, pourquoi pas ! Mais leur parole doit �tre pass�e au filtre de la Raison, pas forc�ment comme le voudrait un rationaliste, pas comme le souhaiteraient des mystiques. Il existe des voies interm�diaires, comme C. G. Jung l'avait proposait en son temps. C'est un point de d�part, une m�thode d'approche comme une autre.
Alors, nous livrer toutes ces pr�ventions qui aboutissent � une sorte d'acte de foi qui nierait les autres � c�t� ou ant�rieurs, rel�ve du pros�lytisme.
Notre d�marche consiste d'abord � d�pouiller toutes les informations, d'o� qu'elles viennent et d'en tirer de modestes hypoth�ses. Cela va au rythme tr�s lent des Hommes et de l'Histoire. Pas d'�quip�e fantastique qui nous projetterait dans un monde merveilleux, mais une lente marche vers la Conscience. J'ai choisi cette voie et je m'y tiens.
Alors qu'est-ce que l'Alchimie ?
Je ne reviendrai pas sur ce que C. G. Jung a apport� � la compr�hension de l'Alchimie. Je me base sur ses travaux pour avancer et �largir mon champ d'investigation.
Et si nous nous appuyons sur l'hypoth�se selon laquelle il existerait dans l'initiation alchimique une sorte de repr�sentation d'un itin�raire int�rieur, nous pouvons aussi nous dire que l'Alchimie constitue �galement une asc�se m�ditative, au m�me titre que le Yoga sous ses diff�rentes formes et �coles, que les asc�ses tao�stes etc.
J'ai explor� cette voie pour parvenir � cette quasi certitude : L'Alchimie est bien un mod�le d'asc�se et � ce titre elle est pour l'Occidental le Yoga qu'il cherche dans la lointaine Asie.

On a dit aussi que l'Alchimie �tait l'anc�tre archa�que de notre Physique, de l'Astronomie et de la Physique atomique.
Si nous nous en tenons � la m�thode d'approche des �v�nements de la Nature, c'est une �vidence historique ! Les axiomes de nos m�thodologies modernes ont �t� �labor�s du temps des encyclop�distes. Blaise Pascal a pos� les bases de la m�thode exp�rimentale, � peu pr�s de la m�me fa�on que le faisaient les alchimistes, par l'observation de la Nature. Et ce contre l'avis et le m�pris m�me du plus grand des rationalistes : Descartes.
Cela laisse � penser que dans tout progr�s humain, la part du non rationnel, de l'observation et surtout de l'intuition est d�terminante.
Dans tout projet scientifique, il y a, plus ou moins avou�, la volont� d'acc�der au sens profond de la Nature. Cela renvoie � une d�marche mystique.
Mais si nous explorons un peu plus � fond cette dimension de recherche rationnelle associ�e � une initiation int�rieure, nous devons convenir que l'Alchimie demeure encore myst�rieuse. En effet, il ne suffit pas d'�tre astronome pour acc�der � une sorte de sagesse individuelle. Les fait r�cents nous diraient plut�t le contraire. M�me si de nombreux physiciens s'essayent � la Nouvelle Science, sorte de synth�se entre la raison et la mystique. Il est encore loin le temps o� nous verrons des �coles de sagesse sortir de nos laboratoires scientifiques...
Alchimie et mystique
Que l'Alchimie fonde �galement une �thique du monde ne fait pas de doute pour moi. Le mouvement �cologiste me para�t �tre dans la droite ligne de cette vision globaliste du monde que pr�ne l'Alchimie. Mais nous n'en sommes pas encore � la perfection ou, plus modestement � l'�vocation d'une voie op�ratoire/op�rationnelle.
Dans un temps o� les dogmes s'�croulent, le retour au Mythe se constitue comme un recours ultime, et toutes les cultures y ont souscrit � un moment de d�sarroi, c'est-�-dire de crise. Nous n'en n'avons pas fini avec l'Alchimie. Est-ce que le livre de Paulo Coelho, L'alchimiste, et l'engouement qu'il a soulev� montre qu'il demeure en nous un soup�on de croyance magique, un besoin de merveilleux ? Nous avons �puis� toutes les ressources que la plan�te nous offrait, le Bouddhisme, le Tantrisme, les cultures am�rindiennes, etc. Maintenant il nous reste le pass�, l'Alchimie en fait partie avec sa th�orie de fantasmes et de v�rit�s.
C'est ce qui me fait dire que l'Alchimie, � coup s�r est un mythe. Ce n'est s�rement pas que cela mais c'est tout de m�me un recueil de l�gendes, de faits av�r�s, de doctrines plus ou moins religieuses, de rumeurs et de fantasmes.
Plus haut j'ai laiss� soup�onner qu'il pouvait y avoir dans l'Alchimie une sorte de vision du futur. Je n'en doute pas un seul instant. Pourtant, il/elle n'est pas pr�t/e celui/celle qui nous traduira les myst�res de ce mythe.
Mythe et cr�ation
A l'origine de toute cr�ation il y a l'imaginaire et l'histoire des d�couvertes et des inventions nous le prouve assez. Cette imagination, initialement individuelle, se fait collective gr�ce � des supports de toutes sortes. Le livre n'est qu'un support parmi de multiples autres : le graphisme, la sculpture, l'architecture, etc. En devenant collective, l'expression de l'imagination sort d'une certaine forme d'archa�sme, des l�gendes s'agglutinent, d'autres disparaissent. Il se produit pour les fruits collectifs de l'imagination � peu pr�s les m�mes choses que pour une langue... L'Alchimie, comme vision du futur s'invente tous les jours dans les r�ves des Hommes.
Mais ce n'est s�rement pas cette Alchimie � laquelle beaucoup font r�f�rence, celle en tout cas � laquelle notre auteur, lui, se r�f�re de mani�re nostalgique.
A une �poque o� chacun s'applique � d�couvrir La doctrine sacr�e, qui d�passerait toutes les autres, il est �vident que mes propos peuvent en laisser beaucoup sur leur faim.
Tel est cependant cet avis personnel que tu me demandais.
El Baz Paris, le 04/04/98
�

Retour vers le le haut de page

La violence urbaine � Point de vue

-----Message d'origine-----
De : St�phane DESROZIERS
� : Il 'l Baz
Date : dimanche 29 mars 1998 13:31
Objet : correspondance

Salut,
je me pr�nomme St�phane et j'ai un centre d'int�r�t commun avec toi, m�me si mon approche est beaucoup plus terre-�-terre. N�anmoins, je me passionne �galement pour le Maghreb. Je connais bien le Maroc (j'y ai ma belle famille, mon �pouse �tant marocaine) ainsi que la Tunisie. Je dois dire que je suis ravi de constater que l'essor �conomique est sur une pente ascendante ; maintenant reste � en appr�cier le degr� ! Quant � l'Alg�rie, je reste bien entendu particuli�rement inquiet : la situation est explosive et m�riterait une plus grande attention de la part des Instances Internationales. Cependant, la question est de savoir si cela int�resse vraiment quelqu'un ?
A dire vrai, je me passionne d'une fa�on g�n�rale pour l'Afrique : elle regorge une r�elle richesse humaine qui ne doit pas laisser insensible un Anthropologue ! En tous cas, j'y ai des souvenirs grandioses et je compte bien continuer � explorer cette fabuleuse richesse.

J'aimerais �galement m'entretenir d'un sujet qui me tient � c�ur et qui doit �galement t'int�resser : il est plus proche de nous mais s'affirme comme un r�el probl�me de soci�t�, de notre soci�t�. Je dois te dire que je suis fonctionnaire de Police � Lyon, Gardien de la Paix. Je suis tr�s int�ress� par le "ph�nom�ne" des banlieues. J'aimerais savoir ce que tu en penses et si tu as une id�e de son issue, de son d�veloppement. En ce qui me concerne j'ai une approche extr�mement pessimiste du sujet. Je suis particuli�rement intrigu� par l'�volution de la violence. Il est vrai que dans le cadre de ma profession, je la c�toie r�guli�rement et qu'il est difficile de la r�fl�chir de fa�on parfaitement neutre. C'est pourquoi je pense que de par tes origines, ton orientation universitaire, tu as une id�e int�ressante � me proposer sur ce sujet.
Je te remercie de me faire part de tes id�es : je n'ai malheureusement pas la possibilit� de t'apporter des �l�ments pr�cieux sur tes centres d'int�r�t qui sont quelque peu trop ardus mais n�anmoins, je pense �tre en mesure d'�changer quelques id�es, si modestes soient-elles !

J'ai eu l'occasion de m'entretenir r�guli�rement avec ma belle famille marocaine dont certains ont suivi des cursus universitaires appropri�s : l'un est docteur en �conomie et prof � la fac de Marrakech, un autre est docteur en math et ma�tre de conf�rence � la fac de Poitiers, un autre est justement cadre sup�rieur dans la branche import/export (Casablanca). Bref, j'ai ainsi pu avoir des discussions int�ressantes et d�taill�es sur la question du d�veloppement du Maroc.
J'ai aussi pu mesurer les diff�rences �conomiques entre la Tunisie et le Maroc, l'impact touristique etc.
Bien cordialement, St�phane ([email protected])

Ma r�ponse
Bonjour St�phane ! Comme promis, j'essaie de r�pondre � ton mail de fa�on pr�cise.
Je laisserai de c�t� tout ce qui concerne le Maghreb, nous pourrons reprendre notre �change une autre fois, esp�rant que nous en aurons l'occasion sur la liste de diffusion " Maghreb ".
Je parlerai du ph�nom�ne de violence dans les banlieues auquel tu es confront� dans l'exercice de ton m�tier.
Tout d'abord, je dois te dire qu'il ne faut pas �tre impressionn� par les universitaires et leur titre. Sache que ce n'est pas � l'universit�, surtout dans le domaine des Sciences Humaines que l'on peut trouver des pistes pour aborder ces ph�nom�nes. En principe, l'universit� est faite pour lancer des id�es neuves, les rendre op�rationnelles, transmissibles... Au lieu de cela nos �tablissements d'enseignement sup�rieur se sont transform�s en chambre d'enregistrement des id�es �cul�es, vieillottes et dogmatiques. Actuellement l'invention de nouvelles formes de vie vient du " terrain ", c'est � dire des individus qui sont confront�s � la r�alit� et oblig�s d'inventer des solutions acceptables et fiables.
Ainsi, ne fais pas de complexe et ne sois pas impressionn� par le p�dantisme des " savants ". Ils p�rorent car ils ne savent rien d'autre que ce qui est fig� dans leurs vieilles tablettes d'argile.
Quant � moi, je viens du terrain. Je ne pr�tends pas pour autant d�tenir des solutions, bien au contraire, plus j'avance et moins je sais. J'ai d�but� dans les cit�s d'urgence de l'antique Seine et Oise, comme �ducateur de rue. J'y ai appris ce que j'ai ensuite tent� de mettre en forme par des textes ou des propositions d'action. A l'�poque on nous demandait surtout de faire en sorte qu'il n'y ait pas de vague, que la violence soit circonscrite aux cit�s d'urgence.
J'ai sillonn� les all�es de nombreuses cit�s et la violence que j'ai rencontr�e n'�tait pas toujours celle des bagnoles que l'on br�le ou des vitrines que l'on casse.
La d�pression des femmes, les suicides d'adolescents, les fugues, les violences conjugales, les attitudes d�fensives voire suicidaires en toutes circonstances de la vie, furent mon lot quotidien. Ce sont autant de manifestation d'une d�sesp�rance globale, qui tra�ne partout. Dans les foyers, dans les ascenseurs, chez les m�decins, dans les lyc�es, etc. Et cela date des ann�es 70. Il aura fallu plus de 20 ans pour que l'on consente � s'int�resser � un ph�nom�ne qui n'est pas surgi ex nihilo.
Dans les �quipes que j'animais, nous avons souvent travaill� avec la police nationale, avec la Justice, pour trouver des individualit�s sensibles � une vision globale du probl�me. Mais des institutions totalement cloisonn�es, que cette violence d�rangeait et de notre hi�rarchie qui nous imposait des solutions toutes faites, ressemblant � celles que l'on retrouve actuellement dans les circulaires administratives, j'ai retir� la vague impression que ce probl�me n'int�ressait personne. Autant dire que, selon moi, nos mentalit�s n'ont gu�re �volu� � ce propos.
Ce qui signe �galement la d�mission, le d�sint�r�t profond des �diles et des intellectuels qui voudraient maintenant nous apprendre telles ou telles choses fort expertes. L'amplification m�diatique conduit � des solutions arbitraires, sans lien les unes aux autres et surtout sans vision du futur. Le syndrome s�curitaire conduit � une certaine panique.
Le probl�me de la violence dans les banlieues se pose surtout dans les rumeurs qui s'en nourrissent. Nous avons laiss� s'amplifier un ph�nom�ne auquel nous n'avons accord� aucun int�r�t et qui s'est transform� en vaste probl�me de soci�t�. De plus � ne s'occuper que de l'expression d'une forme particuli�re de violence nous continuons de laisser de c�t� tous les aspects du probl�me qui pourraient �tre � l'origine de ces faits.

Avant d'�voquer l'origine de la violence, il nous faudrait en donner une d�finition qui colle aux faits.
La violence, qu'est-ce que c'est ?
Nous cristallisons notre attention sur l'expression marquante de certaines formes de violence, les plus spectaculaires, celles qui mobilisent de nombreuses troupes de pompiers, de policiers et de journalistes. Malheureusement nous ne connaissons, nous autres spectateurs, que la violence spectacle, cela, certains individus l'ont bien compris. Le ph�nom�ne de la r�publique spectacle attise ou g�n�re donc une violence sp�cifique qui n'a pas d'autre but que d'attirer la cam�ra.
Il existe aussi une violence incompressible qui est le fait de criminels. Toute soci�t� g�n�re une certaine part de criminalit� qui rel�ve donc d'une approche sp�cialis�e. Actuellement, l'on confond trop souvent cette criminalit� avec l'expression d'un malaise profond qui prend de multiples formes.
Les actes destructeurs et autres actions de vandalisme gratuit font l'objet de rumeurs qui emp�chent la r�solution du probl�me da mani�re distanci�e, en dehors de toute forme d'id�ologie ou d'attitude pr�con�ue. Car il est n�cessaire de sortir du jeu des passions pour aborder ce probl�me de soci�t�. J'ai rencontr� de nombreux �ducateurs qui, malgr� leur bonne foi, se trouvaient pi�g�s par les id�es � la mode. Ils �taient incapables d'avoir une approche pond�r�e, donc efficace. � leur mani�re, en ayant choisi un camp, ils hurlaient avec les loups.
Il n'est pas possible de parler de violence si l'on n'introduit pas la question du seuil de tol�rance � son expression.
Dans une culture, comme celle des soci�t�s urbaines et industrialis�es, il n'est plus question que de qu�te du bien �tre, de stabilit�, de sant� - pour ce que cette notion a d'utopique. Tout cela passe par la fi�vre consommatrice. On ach�te le bonheur ! Partout, c'est la fr�n�sie d'acquisition d'un paradis. Tant pis pour ceux qui n'ont que la possibilit� d'acqu�rir quelques kilos de riz pour survivre, m�me si dans leur budget il y a les traites de la voiture. Ce probl�me ne peut trouver sa solution de fa�on individuelle. C'est notre conception de la soci�t�, notre morale sociale qui sont en jeu et en ce sens, nous sommes tous concern�s.
Il est certain que les id�aux qui fondent toute soci�t� en cimentant les communaut�s entre elles autour d'embl�mes communs, se sont perdus, la solidarit� notamment. Par suite notre seuil de tol�rance s'est consid�rablement abaiss�. Nous supportons de moins en moins l'expression des autres. Celle-ci devient tr�s vite un acte de violence. Si bien que tout acte qui nous perturbe dans notre qui�tude est v�cu comme une atteinte personnelle. D'o� un climat de peur, de suspicion et de d�fense.
Cela induit deux cons�quences importantes :
1 - Faut-il qualifier comme faits de violence des actes qui sont certes des d�lits mais qui, � bien y regarder, peuvent �tre envisag�s comme les tribulations parfois dramatiques d'une sorte de passage de l'adolescence � l'�ge adulte ?
Des bris de mat�riel communal sont-ils repr�sentatifs d'actes caract�ris�s de violence r�pr�hensibles au m�me titre que l'agression d'une personne ?
J'ai vu des gamins de 12 � 15 ans pass�s au crible des enqu�tes de police et de la justice parce qu'il avaient cass� des lampadaires sur un stade.
Je ne dis pas qu'il faille tol�rer ces comportements mais devons-nous faire face � ces actes de la m�me fa�on qu'avec un dealer ou avec un individu qui agresserait le quidam dans les couloirs du m�tro ? Pourquoi en arriver � poser une telle question ?

Dans les ann�es 80, j'ai �t� confront� � une histoire de violence gratuite.
Cinq adolescents, enfants d'une petite bourgeoisie de banlieue terminent leur soir�e de samedi en entrant par effraction dans un pavillon vide. Il continuent leur beuverie en vidant toutes les alcools qui leur tombent sous la main. Ils cassent ensuite toutes les bouteilles de la cave. Probablement fin saouls, ils saccagent ensuite la maison, d�truisant tout, t�l�vision, cha�ne HF, appareils de cuisine, etc. Se r�veillant tranquillement le lendemain dans leur lit douillet, ils ne seront inqui�t�s que plusieurs semaines apr�s. Mais la justice ne passera pas car leurs parents auront trouv� un accord avec les propri�taires de la villa. Je connais chacun de ces adolescents, ils ont maintenant 30 ans environ. Tous ont un emploi, une famille et m�nent une vie paisible. Certains �voquent cet �pisode avec fiert� et l'on sait, � les �couter, qu'ils n'en �taient pas � leur coup d'essai.
Un juriste pourrait-il nous dire combine cela leur aurait co�t� si la plainte avait �t� instruite ? Quelle le�on tirer d'un tel �pisode ?
En premier lieu, le d�lit ne fait pas de doute. Cependant, dans le r�glement amiable de celui-ci, le statut social des parents a jou� une r�le consid�rable. En fait, une n�gociation directe entre les parties a permis d'�viter � ces jeunes gens de bonne famille l'humiliation d'une enqu�te publique et une condamnation p�nale.
En fait, la solidarit� de village a jou� efficacement et un d�lit s'est transform� en un acte pris en compte par les parties de mani�re solidaire. Chaque membre du commando ayant ainsi d�fi� la loi parentale, repr�sent�e ici par les propri�taires de la villa, s'est retrouv� le lendemain � devoir rendre des comptes � p�re et m�re.
Il existe donc bel et bien des r�glements possible de certains actes de vandalisme sans passer par des humiliations.
Si ces vandales avaient appartenu � des familles de banlieues grises, que se serait-il passer ? La solidarit� de village aurait-elle jou�.
J'ai une r�ponse : Quinze ans apr�s les faits, ces parents dont les enfants s'�taient un jour transform�s en vandales de la nuit, furent confront�s � un d�lit mineur perp�tr� par deux jeunes de leur village mais habitant un quartier difficile. Que croyez-vous qu'ils firent ? Pensez-vous que le souvenir leur vint des saccages commis par leur prog�niture, les amenant � une certaine mansu�tude, un peu de compr�hension du pr�judice que deux jeunes venaient de leur faire subir ? Croyez-vous que l'id�e leur vint d'aller voir les parents des responsables ? Non ! Ils rest�rent tr�s fermes sur leur position, une plainte en bonne et due forme qui valut � nos jeunes une condamnation en correctionnel.

Nous voil� face � trois faits de violence sociale trait�s de mani�re arbitraire :
Une d�linquance occasionnelle perp�tr�e par des enfants de nantis,
La m�me d�linquance perp�tr�e par des enfants de classe X,
Une d�linquance � col blanc qui fait subir � notre soci�t� une pr�judice colossal.
Classe sociale et cat�gorie socio-culturelle
Classe X car on ne peut pas dire que ces familles soient toujours pauvres. J'ai �voqu� plus haut les traites d'une voiture, voire d'un pavillon. Si bien que l'on peut facilement me r�torquer que ces familles pourraient mieux g�rer leur vie.
Tel est � mon sens le probl�me important, celui de l'appartenance � une classe " culturelle ". Certaines familles se trouvent pi�g�es par le bombardement m�diatique et publicitaire, d'autres ont acc�s � la soci�t� globale et peuvent transmettre � leur enfants des valeurs diff�rentes qui rangent les frasques de l'enfance au rang d'anecdotes.
De tels faits sont fr�quents, ils d�montrent l'existence d'une profonde d�tresse collective, que chacun compense � sa mani�re, selon les influences de la niche culturelle o� il vit. Il nous est donc impossible d'�luder la question cruciale de l'appartenance culturelle qui transcende les clivages de classes, au sens marxiste du terme.
Il existe un lien puissant entre l'adolescent qui se suicide dans sa chambre confortable, le m�me individu se livrant � des actes de vandalisme mais qui r�int�gre la soci�t� et le " violent " primaire qui, au m�me �ge que les autres, se trouve pi�g� par une impossibilit� de " raisonner ses actes " parce que sa famille n'a as �t� en mesure de lui livrer les outils de cette distanciation.
Au fond, ce qui est pos�, ce n'est pas le probl�me de la violence mais celui de l'�ducation.
N�gociation et �ducation
Pourquoi, d�s lors, quand on est conscient de cela ne pas introduire des m�diateurs qui pourraient jouer les interm�diaires et faire en sorte que les actes de violence d'adolescent ne p�sent pas sur le futur d'un jeune individu, tout en respectant la question des responsabilit� ? Sortir du r�glement p�nal ! Ce type de solutions qui permettrait de d�dramatiser tout en acceptant le jeu des compensations (pr�judice financier) pourrait �tre repris au b�n�fice des cat�gories sociales suspect�es d'�tre des sources de violence.
Cette anecdote montre assez que l'appr�ciation du d�lit est pollu�e ou influenc�e par un statut social ou par une appartenance � un groupe, banlieue, beur ou autre. Mais la conscience indestructible d'�tre dans son bon droit nous fait aussi oublier la morale la plus �l�mentaire.
Cela rel�ve du civisme de base et, par suite, d'une prise de conscience collective, d'une �ducation, d'une information qui serait fond�e d'abord sur un partage des valeurs essentielles qui scellent une communaut�. Tout en faisant de la pr�vention aupr�s des populations potentiellement violentes, il conviendrait d'apporter des informations qui permettraient �galement de nous �clairer sur nos droits et devoirs de citoyens. Il ne suffit pas d'�tre conscient de poss�der des droits, ceux-ci sont, la plupart du temps, �quilibr�s par des devoirs.
J'ai d�velopp� mes arguments sur cette anecdote afin de dire que nous devons avoir face � la violence des attitudes pond�r�es et tr�s nuanc�es, diff�rentes de celles qui ob�issent � la dialectique commune d�linquance/r�pression. Prendre des mesures contre la violence, c'est d'abord la d�finir, ensuite se donner des moyens d'y faire face en envisageant des solutions globales. C'est toute une soci�t� qui doit se mettre en �uvre et cela impose des n�gociations, des dialogues et le soutien des autorit�s. Cela contraindrait certains institutionnels � sortir de leur paresse atavique.

2 - Il r�sulte �galement des faits actuels une attitude de plus en plus r�pandue de d�pit face � la Justice et � la Police. Il y a 30 ans, sur le terrain, je n'entendais pas : " De toute fa�on, on est dans le collimateur des flics. ! Nous on nous fout en prison, les XXX et autres riches, on les met en examen ! Et regardez, ils volent des millions de francs. " D�sormais cette opinion pr�vaut dans toutes les couches sociales. Les institutions, qui sont le lien d'une Nation, se d�litent lentement...
Sentiment d'une justice � deux vitesses ? S�rement, mais aussi impr�gnation par des nouvelles qui fomentent des rumeurs qui prennent le pas sur la v�rit�, d'o� des manifestations de plus en plus fr�quentes d'incivisme.
Il s'agit d'une autre forme de violence, informelle, incontr�lable et qui trouvera de plus en plus souvent des " conducteurs ", des guides, si ceux qui devraient r�fl�chir � nos probl�mes de soci�t� persistent � fonctionner selon des crit�res inop�rants. Cette violence constitue � terme le ferment d'une phase pr�-r�volutionnaire, tout en sachant qu'il n'y aura pas de r�volution telles que celles qui ont pr�c�d� notre �re. Cette violence, rampante, de forme insidieuse traverse toutes les couches de la soci�t�. Elle n'�pargne personne. De ce point de vue, il existe une analogie entre le vandalisme urbain, le sabotage professionnel et certaines formes d'absent�isme.
L'enfant des banlieues casse, le cadre nourrit son cancer, l'employ� somatise, la caissi�re oublie d'enregistrer certains produits ...
� l'origine, le m�me malaise ! M�diatiser l'un au d�triment des autres rel�ve d'une grave erreur d'�valuation anthropologique.

Retour vers le le haut de page

Races, groupes sociaux et racisme

-----Message d'origine-----
De : Il 'L Baz
� : [email protected]
Cc : [email protected]
Date : dimanche 12 avril 1998 16:24
Objet : [anthropo] Les races

Bonjour,
Pierre Berger �crivait :
" Dans le m�me ordre d'id�es, je m'int�resse en ce moment au probl�me de la race (notamment parce que c'est un th�me crucial pour les Am�ricains, � l'occasion en particulier de leur prochain recensement).
Savez-vous si cette question, o combien dangereuse � aborder m�me de loin, est abord�e par les anthropologues ?"
Ma r�ponse
Le probl�me de la race est un sujet tr�s d�licat � traiter pour les Anthropologues.
L�vi-Strauss a produit un opuscule Race et histoire, folio essais, 1987 qui constitue sa contribution � une s�rie d'articles publi�s en 1952 par l'UNESCO et consacr�s au racisme. Il y expose les grands traits du "Structuralisme". Un chapitre tr�s important est d�di� au Progr�s. Si cette �tude est une base sur laquelle rebondir, � mon sens, L�vi-Strauss ne r�sout pas la question : "Les races existent-elles ?".
Derni�rement un excellent dossier a �t� publi� par le Courrier International N� 580, du 12 au 18 f�vrier 1998, pp 44 et ss. Un d�but de conclusion y est apport� par la g�n�tique. La g�n�tique d�ment l'existence de races. Et cette notion serait en fait une invention culturelle r�cente datant du temps des conqu�tes coloniales. Ce n'est pas la premi�re fois que les d�veloppements r�cents d'une discipline quelconque tentent de ranger au rayon des croyances ce qui �tait "�vidence scientifique" au si�cle dernier. Ce qui tendrait � montrer que nous vivons encore dans des relents d'archa�sme datant de ce si�cle.
La question de l'existence des races repose sur des mythes grecs de hi�rarchie de l'univers. Il est surprenant que cela soit devenu un probl�me anthropologique et que certains chercheur s'attachent encore � vouloir prouver qu'un groupe ethnique donn� est sup�rieur � un autre sur tel ou tel plan. Il nous reste donc � nous int�resser aux raisons qui ont conduit nos cultures � �riger la race au rang de sujet d'�tude. Le probl�me est de premi�re importance car il pourrait donner des indications sur les d�rives �pist�mologiques des Sciences Humaines.

Voici l'URL du Courrier International : http://www.courrierint.com
Ce site dispose d'archives importantes et vous y retrouverez le dossier cit� plus haut.

�

Sur les articles de Leila Zouggari

Monsieur,
Avec quelle �l�gance et quel talent Leila Zouggari "poss�de" la langue de Racine, elle la triture , la fripe. la repasse et la retend pour lui faire extraire tout son jus afin d'exprimer les plus fines nuances de la pens�e : " la dualit� est un combat interne entre ce que nous sommes r�ellement et le fa�onnement des croyances quelles qu'elles soient [...] afin que l'amour ne se mue pas en joug, il faut apprendre que � donner � n'induit pas toujours � accepter � ni � redonner � et que l'�ventualit� � refuser � a les m�mes probabilit�s du large �ventail des r�actions humaines. Aimer est un subtil chemin d'unit� ente deux entit�s o� le choix reste la plus belle expression de la libert� pour chacun ". J'ai commenc� par lire, pensant qu'il s'agissait de l'Islam et j'en �tais agr�ablement surpris ; touch� encore par l'omniscience savamment dos�e. Cette �crivaine est un g�nie qui m�rite que les critiques s'y arr�te...
Je souhaite que mon message, Monsieur, soit transmis � cet auteur de talent. Mes remerciements et ma gratitude d'avance .
Roger Rajaa

Message transmis !


Monsieur Illel Kieser,
C'est avec beaucoup d'�motion que j'ai lu l'article de Leila Zouggari sur les croyances et comme dans chacun de ses articles j'ai l'impression qu'elle parle de moi de mon mari de mes amis . Quelle sagacit� d'analyse . Ce professeur est unique dans mani�re d'�crire et de discourir, sans effort apparent et mine de rien elle traite ce qui touche les humains avec une universalit� sans pareille .Elle vous a cit� et je sais qu'elle ne fait jamais de faveur, elle ne cite que des grands .
Pouss� par la curiosit� j'ai lu les tambours de la libert�, il est sensationnel cet article . Tant de po�sie et de musique pour parler de� la libert� et des cha�nes de l'enfance avec des descriptions qui rappellent des toiles d'impressionniste et je vois ce qui a touch� mon professeur cette grande dame si cultiv�e et si humaine : c'est l'humanisme et la souffrance humaine . merci � vous deux mes chers �crivains pour ces articles hors du commun qui touche le fond humain.
H�l�ne

Retour vers le le haut de page
Envoyez vos commentaires et vos questions au r�gisseur du site. Copyright � 1997 Lierre & Coudrier