Les images, approche nouvelle

Les images intérieures

Support de portique-Court des Lions de l'Alhambra

Si, depuis Kant et Bergson, la psychologie a pris son essor pour aboutir à une théorie de plus en plus cohérente, notamment avec les développements de la psycho-génétique durant ces dix dernières années, il n'existe pas encore de véritable théorie de l'image. Or l'image fait partie intégrante de la vie psychique humaine.
Bien sûr, nous en connaissons différentes approches mais l'intérêt pour elle demeure secondaire voire carrément suspect. La psychiatrie a un avis très expert sur la question, la psychanalyse aussi, les métiers de l'image, également... Fantasmes pour les premiers, sources de création pour ces derniers. Rien de tout cela n'éveille l'intérêt des chercheurs. Mais dans un monde, le nôtre, pas celui de la Patagonie ou des montagnes du Caucase, où l'image est devenu le principal vecteur de communication, on peut s'étonner d'une telle carence. Certes Régis Debray tient une chaire de Médiologie. A-t-il seulement émis une théorie de l'image et de sa dynamique d'action avec les instances de la conscience ? Son mérite réside en ce qu'il a posé le problème.
Qu'en est-il d'un point de vue psychologique et plus globalement anthropologique ? Comment l'image est-elle articulée à la conscience ou bien au contraire dans sa dépendance aux sens ? Agit-elle sur nos perceptions, sur la réalité, sur les objets extérieurs ? Des questions relèvent de la Science, d'autres, selon certains, de la magie et, par conséquent, ne méritent aucun intérêt. Mais la magie n'est-elle pas aussi le fait de l'Homme ? Alors, pourquoi tant de désintérêt ? Pourquoi les rites magiques des indiens Aymaras seraient-ils plus intéressants que ceux des « sorciers » ; du Perche ? L'exotisme ? N'est-ce pas là une marque d'ethnocentrisme, voire de racisme ? Parce qu'il serait impossible qu'il existe encore des sorciers dans des lieux supposés conquis par le rationalisme ? Mais cela pose aussi le problème de la persistance des rites magiques en dépit des efforts de la Raison. Car la Raison – telle que nous la comprenons – ignore ce que l'âme humaine recèle de mystères inexplorés.
Quelques tabous méritent d'être violés, n'est-ce pas ?
L'Histoire des religions nous montrent que l'Homme est confronté aux images depuis l'aube des temps. Parlons des représentations pictographiques. Sont-elles liées à des rites de caractère religieux ? On ne sait pas. Que sait-on d'elles au fond ? Pas grand chose ! Cela n'empêche personne d'émettre un avis autorisé sur toutes ces choses. Chacun y va de sont point de vue !
Les mystiques de différentes religions nous ont rapporté de nombreux témoignages sur les images intérieures mais, jusqu'à présent, hormis C. G. Jung, peu de chercheurs se sont intéressés à cet aspect de la vie psychique humaine.
Nous voulons apporter une contribution aux recherches sur l'image et n'avons pas de tabous.

Catherine Barbé apportera ici les premiers éléments pour la mise en place d'une théorie de l'image dans sa dynamique de l'existence humaine. L'image joue-t-elle un rôle dans notre vie personnelle ? Interfère-t-elle avec les éléments du contexte, tant social qu'historique ? Qu'en est-il du rôle et de la fonction de la Conscience ?
Nous présenterons également une étude étymologique des termes et expressions se rapportant aux images : représentations, métaphore, métonymie, etc.
Nous rapporterons des témoignages sur ce monde car nous pensons que les pensées « créatrices » naissent parfois chez ceux dont ce n'est pas forcément le métier de chercher. C'est pourquoi nous nous intéressons tant à l'Étranger... Et nous verrons de façon encore plus évidente combien les représentations du monde, conscientes ou inconscientes, déterminent notre relation au monde et à son devenir. Nous verrons aussi la démonstration de ce qui apparaît désormais comme un théorème : plus nos systèmes de représentation sont inconscients et plus ils sont dangereux, risquant alors de nous entraîner dans un maelström d'affects et d'émotions si propice à la propagation des rumeurs ou à la reprise de rites archaïques dont nous ne repérerons que la violence et l'ineptie, sans en comprendre la provenance.

Quand les représentations traditionnelles du monde ne sont plus opérantes !

Ne pouvant se passer de représentation du monde, perdant la dévotion qu'il avait pour des systèmes devenus inopérants, l'Homme s'en inventent d'autres, de manière plus ou moins cohérente, plus ou moins socialisante. Mais il ne les crée pas de n'importe qu'elle manière. Il lui faut trouver l'inspiration quelque part au fond de lui-même. Et si ces représentations sont parfois chargées d'une forte dose de violence, il en est qui sont porteuses de création, d'un futur en gestation.
Même si cela, caché au tréfonds de nos lieux de bannissement, échappe encore au « sens commun ». Lequel n'est jamais que l'expression la plus immédiate du système dominant. Comprendre l'Autre passe par d'abord par une compréhension du dedans de notre propre système de représentation. Que cela aboutisse ensuite à une sorte de négociation pour savoir quelle part de cet Autre serait assimilable par nous ou notre système est une autre affaire. À l'heure où nous cherchons à connaître tant d'espèces animales, il serait temps que nous consacrions un peu d'énergie de temps et d'argent à la connaissance de nos semblables, autrement que dans une tentative d'assimilation/digestion de tout ce qui est étrange, étranger, différent, hors consensus ...

Une représentation du monde définit un espace de vie, une histoire et un avenir. Elle circonscrit également un espace à l'intérieur duquel, seuls certains codes moraux peuvent avoir cours, à l'exclusion de tout autre et c'est ce qui est supposé donner ordre et cohérence au monde ainsi qu'un sens à la vie... Dès lors, le racisme et l'ethnocentrisme ne sont que d'infimes parcelles de ce qu'il est convenu d'appeler la peur du Chaos. Se pose alors la question de l'universalité des codes moraux, de l'universalité des fondements anthropologiques du droit et de la morale. Si bien que le débat contemporain sur la mondialisation ne peut, pour moi, se résoudre au plan économique s'il n'est pas question au préalable, dans chaque groupe social, dans chaque unité ethnique, de se demander en quoi notre système du monde exclut la part de l'autre, de l'Étranger. Sans réponse à cette question fondamentale, les discours ne seraient que vaine hypocrisie.
Mais il y a autre chose, face à l'avancée de ce que l'on croit être le Chaos, chacun peut être tenté de retrouver coûte que coûte la cohérence et la transparence d'antan...

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Créé le 3 mars 1997