Dans le conflit actuel au Proche Orient, nous sommes bien loin de ce qui se produisit il y a soixante ans en France, sous l�occupation nazie, et bien loin �galement de ce qui se passa en Alg�rie, avant l�ind�pendance. C�est qu�il s�agit l� d�une n�gociation qui a mal tourn�. A ma connaissance, lorsque la R�sistance se d�veloppa en France, il n�y avait pas de n�gociation franco-allemande en cours pour restituer � la France une partie des territoires occup�s. Rappelons qu�� partir de 1942, il n�y avait d�ailleurs plus de zone libre en m�tropole. Quant � l�Alg�rie, les combats n�ont pas fait suite aux n�gociations mais les ont pr�c�d�es. Ce qui fut le cas de la premi�re intifada, il y a une quinzaine d�ann�es qui conduisit aux accords de Madrid et d�Oslo. Mais avec la deuxi�me Intifada, dite d�El Aqsa, il s�agit de bien autre chose. Alors que les deux parties n�gociaient, alors que d�j� une partie des territoires concern�s avaient �t� transf�r�s � l�Autorit� Palestinienne, �clata une nouvelle Intifada, r�p�tition de la premi�re mais aux causes totalement diff�rentes puisque la premi�re, on l�a dit, n�accompagnait pas une n�gociation. Tout s�est pass� comme si pour faire �avancer� les n�gociations, certains avaient d�cid� de d�clencher une nouvelle �dition de l�Intifada, comme si cela allait, comme pour la premi�re, servir � la progression des discussions. Comme on dit, l�histoire ne se r�p�te pas, elle b�gaie. La question est de savoir comment les Isra�liens auraient d� r�agir face � cette Intifada bis, qui ne faisait sens que par r�f�rence � la premi�re et qui relevait peu ou prou de l�incantation et de l�invocation. A la diff�rence des nazis, dont les civils �taient �loign�s du terrain des op�rations, ce qui explique que les r�sistants fran�ais n�all�rent pas commettre des sabotages en territoire allemand, les civils isra�liens sont � port�e de bombe des r�sistants palestiniens. Cela rappelle la guerre d�Alg�rie quand la m�tropole �tait touch�e par les retomb�es des combats de l�autre c�t� de la M�diterran�e, sans parler de ce qui se passa avec l�OAS et les partisans de l�Alg�rie Fran�aise. Dans le cas pr�sent, les partisans de l�Alg�rie Fran�aise seraient les �colons� des implantations isra�liennes en territoire occup� depuis 1967; qui, toutes proportions gard�es, correspondraient aux �pieds noirs� (chr�tiens et juifs) et qui sont aussi, � terme, capables de nuisance. On peut d�ailleurs supposer que parfois ce sont les m�mes personnes ou leurs enfants, parmi les juifs, dans les deux cas, en Alg�rie et en Palestine. Comment, donc, les Isra�liens auraient-ils du se comporter, eux qui avaient d�j� v�cu une premi�re intifada, avec les jeunes arabes jouant un r�le essentiel au niveau de la communication et des media. Pourquoi dans le cas de la premi�re intifada, cela se passa mieux�? Parce qu�il y avait la perspective de n�gociations alors qu�avec la seconde, les n�gociations ont d�j� eu lieu�! Terrible sym�trie de l�espoir et du d�sespoir, de part et d�autres, du r�ve � venir d�une part et d�autre part du r�ve en train de se r�aliser et peut �tre quelque peu d�cevant�! Car ne faut-il pas faire aussi la part dans cette d�sesp�rance de la confrontation des palestiniens avec la r�alit� de leur r�ve enfin sur le point de s�accomplir et dont ils percevaient probablement d�j� les limites�? L�attente est parfois plus belle�! Un proverbe dit�: le pire service que tu peux rendre � quelqu�un, c�est d�exaucer ses v�ux�! Comment donc, encore une fois, interrogeons-nous, les Isra�liens auraient-ils du proc�der, cette fois ci, dans ces circonstances�? Rappelons que cette Intifada �clata avant que Sharon n�acc�de au pouvoir, que c��tait encore Barak, le socialiste, qui �tait Premier ministre. Rappelons que les n�gociations capot�rent sur la question du retour des r�fugi�s arabes en Isra�l. Pour le retour des r�fugi�s arabes en Palestine, il n�y avait pas de probl�me. C�est alors que tout bascula et qu�� terme, l�Intifada refit son apparition. Il est rare, en fait, qu�un �tat refuse d�accepter une population sur son territoire et sous son contr�le. Apparemment, cela ne g�nait pas trop les arabes d�aller grossir la masse des arabes dits isra�liens, g�n�ralement h�br�ophones, .alors que les colons isra�liens semblent peu dispos�s � vivre sous pouvoir palestinien. On nous r�pliquera qu�en provoquant le retour de ces arabes, Isra�l, � terme, serait pass� sous contr�le arabe, par le jeu du processus d�mocratique. Je ne pense pas que les arabes qui ne sont pas des champions de la d�mocratie imaginaient un seul instant que cela pourrait aboutir � un tel r�sultat. Il y avait probablement des solutions f�d�ratives ou autres pour g�rer une telle situation, comme par exemple le d�coupage des circonscriptions �lectorales, ph�nom�ne bien connu des politologues en France et en Angleterre, avec ses �bourgs pourris�. Il est vrai que la culture politique isra�lienne, avec le scrutin de listes, ne les pr�parait pas � songer � de telles solutions. Un scrutin de listes qui nous appara�t, avec le recul, plus que jamais comme un poison pour la vie politique isra�lienne depuis la naissance de l��tat et qui explique notamment le poids des petits partis en g�n�ral et des partis religieux en particulier pour former des majorit�s, et qui a abouti, par r�action, � l��lection du Premier Ministre au suffrage universel, ce dont Sharon a profit�. Autrement dit, un peu plus de culture et de maturit� politique aurait permis, depuis longtemps, aux Isra�liens de se pr�parer � recevoir un afflux de r�fugi�s. On nous objectera que cela ne serait pas g�rable �conomiquement�: c�est oublier que les palestiniens viennent travailler en Isra�l et que tant qu�� faire on pouvait aussi bien avoir de la main d��uvre arabe suppl�mentaire � l�int�rieur des fronti�res de l��tat et c�est oublier l�importation massive de travailleurs �trangers, tant tha�landais qu��thiopiens (et on ne parle pas ici des falachas juifs) pour combler le manque de main d��uvre arabe. Comment donc aurait-on du g�rer cette nouvelle Intifada�? Elle n��tait, au d�part, r�p�tons le qu�une r�p�tition de la premi�re avec tout ce que cela implique de mythologie. Elle correspondait probablement au d�part � une volont� de r��quilibrage dans le cadre des n�gociations, � r�veiller des souvenirs p�nibles pour la conscience isra�lienne. Mais apparemment, les Isra�liens n�ont pas voulu se r�f�rer � la premi�re intifada, ils ont pr�f�r� y voir une nouvelle Guerre du Liban, qui opposa Isra�liens et Palestiniens et c�est bien ce qui est en train de se passer actuellement d�autant que Sharon �tait d�j� aux premi�res loges lors de cette Guerre qui fut marqu�e par les massacres de ces r�fugi�s palestiniens fr�res de ceux dont Arafat avait demand� le retour. Et au syndrome de l�intifada d�clench� par les Palestiniens fait pendant le syndrome de cette �Paix en Galil�e� qui avait vu le d�part d�Arafat pour Tunis. Chacun s�efforce d�agiter les d�mons de l�autre. La question est de savoir si cela aidera aux n�gociations. Il est bien possible que ces r��ditions, ces remakes, aussi d�voreurs soient-ils de vies humaines, pour les deux camps, n�interviennent que pour marquer des points dans la n�gociation. Comme disait Clausewitz, la guerre est le prolongement de la diplomatie par d�autres moyens.... � Jacques Halbronn, Paris le 03.04.02 |
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� Paris 1997 |
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