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Qu’est-ce qu’un père ?


Le 18 Octobre 2001
Qu’est-ce qu’un père ?

C’est une épaule où s’appuyer
Il est un peu d’où l’on vient et où l’on va
Je crois qu’il doit connaître sa propre route, il doit pouvoir répondre de ses actes et répondre aux questions de ses enfants.
Il doit protéger sa famille.
Il est une image sociale et il tente d’être un homme libre. La différence de sa vie et celle de ses enfants doit être présente dans son jugement afin d’éclaircir les difficultés éventuelles.
Il est dans la Vie, le présent et l’avenir.
Le père est une figure forte et fragile à la fois, sans abuser ni de l’une ni de l’autre.
J’ai un peu de confusion à parler du père, oscillant sans cesse entre ma propre vision, et celle du film négatif, de l’image renversées de mon père, voire de mes pères, n’en n’ayant aucun, les ayant tous. Le monde des pères est celui du monde, de la transmission, et de la fin.
Le père aide à grandir, à vieillir.
Je vieillis sans nul doute, mais grandir reste incertain, tout seul, la croissance se ralentit jusqu’à l’arrêt du mouvement.
C’est lui qui donne la force, le jus de continuer, il reste un lien avec les autres hommes.
Il me semble que son rôle est d’apprivoiser la Peur, afin de réduire sensiblement le sauvage, il est un civilisateur.
Autre jour.
Il n’est pas un homme de pouvoir ; la notion de Dieu le père, des pères religieux, m’a toujours au fond dégoûté par le pouvoir absolu qu’on leur accorde.
Il est un référant, un partenaire juste un peu en avance sur la vie. Il est un conseil.
Je ne suis pas juste comme père et n’espère pas l’être, juste un garde-fou.
Même si l’on donne beaucoup de soi, de son temps de son énergie, je ne dois pas en attendre un retour particulier, si ce n’est l’équilibre de mon fils.
En effet cette énergie dépensée par le père n’est que le reflet de ses propres manques enfantins et il s’applique simplement à vivre, c’est à dire à remettre à l’endroit quelques images du père mal foutues.
L’obéissance que l’on doit à un adulte m’a toujours paru ressembler à celle que l’on exige en religion et à l’armée d’où ma plus grande méfiance à leur égard.
J’ai une image
Il y a la forêt, le monde est sauvage, le père est capable de construire la maison de sa famille pour les mettre à l’abri des intempéries de toute sorte .C’est une charpente.
Il est vrai que je couve un désir confus de parler de ce père, du père, des pères.
Il y avait dans le texte de V. , la découverte d’habiter réellement la parole, un théâtre de la parole, où l’énergie de l’acteur va puiser au plus profond de son intime afin de renvoyer après transformation, l’énergie chimique, primaire de l’homme debout, vivant.
La souffrance des temps anciens peut devenir un carburant puissant, au lieu de rester une énergie fossile qui nous alourdit .Il y a alors transformation.
Il y a ce projet de sourire avec le drame, pas de rire, quoique !

Le 22 janvier 2002
Face aux résurgences de violence, j’ai repris le tabac dans le quasi même esprit qu’il y a maintenant fichtre presque 35 ans.
Une rage à vouloir grandir, à vouloir changer d’air, respirer d’autres odeurs, ajouter du brouillard, du trouillard comme disent les mômes, pour corriger la vision d’un monde trop monolithique.

Laisser filer

Je prends un compas, je le plante dans le sable
Je trace un cercle que la vague efface
Je retrace avant la vague, je la guette
Puis je jette le compas et je trace avec un bâton
Puis avec les doigts et la vague toujours efface
Alors je parle, parle encore plus fort
Mais le vent efface les mots

J’ai attendu le bus
Celui qui vous prends sans questions
Pour aller juste à coté
Changer de parapets
On dirait que le jour glisse
Sur la vitre
La vie est grasse et sale.

Aujourd’hui je fais la fourmi, petits fardeaux sur le dos et petit à petit.

18 Mai 2002
Création et filiation

La filiation que je ressens est celle de la longue file des vivants et des morts, une sorte d’héritage de leurs sueurs et de leurs joies d’hommes, de leurs espérances aussi.
De là il y a une énergie qui me pousse, un désir d’inventer, de créer, mais il est contrebalancé par une énergie contraire de la même force, une sorte de loi physique de l’impuissance.
Il y a un verrou qui bloque, une salissure dans le carbu qui empêche la montée de la sève, comme si elle était honteuse, car je ne peux pas concevoir mon image de créateur comme propre : ce manque de confiance s’apparente à de la pourriture à l’intérieur, à une fièvre permanente qui ne m’autorise pas à être sain.
Honte d’avoir quelque chose à dire, pas de sens.
Il n’y a pas de création sans une pensée positive de ce que l’on fabrique et sans la notion de beau .Or le beau reste chez moi conflictuel, car je le recherche comme une entité extérieure Pour le travail manuel j’ai en héritage l’exemple de mon grand père et malgré les difficultés.
Je garde au fond de moi la possibilité d’y arriver, et par là même d’aller rechercher de l’information pour y arriver.
En ce qui concerne la création littéraire rien n’est moins sûr, car je garde envers elle un sentiment d’incapacité très prononcé ; Je dirais de ne pas mélanger les serviettes propres avec les serviettes sales. Ce sentiment d’autodidacte me fait mesurer mes lacunes, comme le mauvais élève, devant un jury hostile, qui perd ses moyens. J’ai à prouver que j’existe et que je vaux quelque chose.
Je me demande souvent si je manque de courage, sans pouvoir répondre à la question.
Arriver à se donner une place soi même, la respecter et lui donner un sens, voilà ce que peut être une vie.
Mettre son énergie vivante au service de son métier et vivre. Il faut être fier de son métier, et je ne le suis pas, de part ma façon de le vivre, trop attentiste.
Car il y a trop d’énergie qui pousse et trop qui retient.

" Il ne s’agit pas tant de connaître que de naître. L’amour propre et la prétention sont les principales vertus ". F. Ponge
Ne pas vouloir résoudre le monde, ni résoudre quoi que ce soit, mais plutôt juste témoigner, vivre ma vie en considérant simplement qu’elle en vaut une autre.
Rolland

février 2006 par Webmaître


Notes :

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  • Quand les parents trahissent

    2 juin 2006, par Webmaître

    L’enfant victime innocente subit et, vicitme d’un crime, il ne peut rien faire que guetter pour s’arracher une maigre portion de quiétude dans laquelle, pas à pas il construira sa vie. Le texte de Rolland est édifiant. Le rôle des parents, en plus de leurs devoirs matériels, nourriciers, est d’assurer à leur enfant la meilleure transition possible de l’état d’inconscience à celui de la conscience. Éveiller la conscience de l’enfant c’est autant lui transmettre un savoir qu’une morale. La finalité de cette transmission est de permettre à l’enfant de savoir puiser dans ses propres ressources quand sera venu le temps du grand sevrage, celui de l’élan définitif vers l’état adulte. À ce moment, les parents seront passés du statut de personnage de chair à celui de symbole. Le nouvel adulte pourra puiser dans son propre patrimoine psychique l’énergie dont il aura besoin pour accomplir les tâches qu’il se sera assigné en toute liberté de conscience.

    Plus loin que cela, c’est la capacité de faire confiance qui est lésée. Non pas faire confiance à un tiers mais à la vie en soi. Les parents ignorent qu’ils sont aussi porteurs d’une image du monde dont l’enfant a besoin pour aller vers la vie, avec toutes ses ressources. Ce sont les parents qui, par leur présence bienveillante, permettent à l’enfant d’élever ses espoirs vers le monde des autres.

    L’enfant victime, s’il reste porté par ses instincts, ce qui lui assure une apparence de vie ’normale’, ne peut disposer librement de cette formidable potentialité qu’est la confiance en soi, nourrie et entretenue par les parents, accompagnateurs attentifs des premiers temps de la vie.

    Voilà pourquoi, aussi, ce que la résilience semble laisser paraître, n’est que cosmétique. Et si l’on se contente de ces apparences pour dire que la blessure est cautérisée, on commet une grave imposture.

    Malheureusement, notre société matérialiste et hédoniste se satisfait volontiers de ces belles apparences, pourvu qu’elles soient sauves.

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